François leclère

 

François Leclère est né en 1950 à Charleville, dans les Ardennes. C'est à l'époque où il termine ses études secondaires à l'Ecole Normale d'Instituteurs que ses premières œuvres voient le jour.  Il rencontre ensuite Michel Philippot avec lequel il travaille la composition pendant deux ans. En 1976, il participe aux cours d'été de Darmstadt. En 1978, il est invité à la « Semaine de musique contemporaine » de la Villa Médicis. 

A cette époque, il ressent alors la nécessité d’étudier en profondeur les tenants et aboutissants de la pensée sérialiste, notamment au travers des œuvres de Pierre Boulez qu'il rencontre à plusieurs reprises. Tout en reconnaissant la validité de certains principes, il acquiert la conviction que cette pensée ne suffit pourtant pas à engendrer une conception temporelle satisfaisante de la forme musicale et de sa cohésion harmonique. Ces considérations le conduisent à élaborer peu à peu une grammaire de la forme qu'il dénommera « Courbure du temps » : la cohésion de l'œuvre repose sur des retours harmoniques de plus en plus fréquents,  dans un jeu complexe de souvenirs et de pressentiments. 

Cette théorie donne lieu à deux essais : Premières pierres en 1987, et Harmonie et Courbure du temps en 1994 (tous deux aux Éditions Michel de Maule). A la suite de son enseignement de la composition à Paris et à Charleville-Mézières, d’autres compositeurs adopterons cette grammaire (Jean-Marie Beaufays, Olivier Renaudet, Olivier Meston, Franck Ladouce, Simon de Gliniasty...).

Les premières œuvres du catalogue de François Leclère, Cercles multiples (1977) et Sonate pour piano (1980), se rattachent à son expérience du sérialisme. N'ayant jamais cessé de composer à l'époque où la mise au point de sa grammaire lui permettait de prendre congé du sérialisme, il expérimente tout de suite celle-ci avec Flèche du temps (1984), Émergences (1987) et Entre la fumée et le cristal (1987). 

Un pas décisif est franchi avec La Postérité du soleil (1989) : la grammaire commence à être apprivoisée. La « Courbure » se manifeste alors pleinement dans Les Villes invisibles pour piano principal, percussions et orchestre à cordes (1991),  De Basalte et d'orichalque pour orchestre (1993), Archipel des solitudes, cycle de lieder pour baryton-basse et piano (1996), Musique pour alto seul (1997) De Re Metallica pour grand orchestre (2005), Concert pour violon et 9 instruments (2008).

La musique de François Leclère apparaît comme une réponse inattendue à certaines impasses de la musique d'aujourd'hui. Sans nostalgie et au delà des modes, ses œuvres manifestent par leur beauté la possibilité d'une intelligibilité nouvelle.

Christophe Marchand

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